Billets d’humeur

Catherine GIUDICELLI, 43 ans, magistrat

Catherine GIUDICELLI, 43 ans, Vice Présidente chargée des fonctions d’instruction au Tribunal de Grande Instance de PARIS est décédée brutalement, le 7 août 2009.

Si nous écrivons ces quelques lignes ce n’est pas uniquement pour louer les qualités professionnelles de Catherine. Non seulement elle n’a pas besoin de nous pour ça, mais surtout, nous considérons que ceux qui l’ont rencontrée dans ses cabinets d’instruction à CRETEIL et à PARIS, ou qui ont eu à connaître de ses procédures, sont mieux à même de le faire (et ils le font comme le montre le billet de Maître Eolas sur son blog).

Si nous écrivons ces quelques lignes c’est que nous pensons que Catherine GIUDICELLI mérite un hommage public de par son implication dans l’institution. Elle était Présidente de l’Association Française des Magistrats Instructeurs (AFMI). Depuis le 7 janvier 2009, jour de l’annonce officielle par le Président de la République de la suppression du juge d’instruction, elle était de toutes les émissions radio ou télé, de tous les débats, tables rondes, échanges, rencontres et de toutes les initiatives comme les Etats Généraux de la Justice Pénale, pour défendre au delà de la fonction du juge d’instruction son idée de la Justice qui est aussi la nôtre. Usant de toute sa maîtrise des mécanismes politiques, constitutionnels et institutionnels elle a compris que les magistrats devaient affirmer leur attachement à une Justice indépendante et égale pour tous, tout en étant favorable à une évolution de leurs pratiques. Catherine avait pour habitude de questionner les pratiques des magistrats et avait notamment mis son expérience en la matière au service de l’Association des Jeunes Magistrats.

Le décès de Catherine GIUDICELLI ne se résume pas au fait divers tragique qu’on a pu lire dans la presse. A la disparition d’une collègue très appréciée par de nombreux professionnels de la justice s’ajoute celle d’un magistrat qui était l’un des plus impliqués dans la vie « politique » au sens noble du terme. Catherine était plus que la voix actuelle des juges d’instruction ; elle était un modèle de ce que doit être le magistrat moderne : indépendant, proche des gens et présent dans la cité. Elle avait compris qu’il fallait rompre avec l’isolement de nos tribunaux et rencontrer les citoyens, les informer et leur expliquer les enjeux des réformes de la Justice. Car si les magistrats n’interviennent pas pour le faire, comment les citoyens qui ne connaissent que très mal leur Justice pourraient-ils décider de son avenir ?

S’il existait une vraie médaille, au delà des légions d’honneur et autres ordres nationaux du mérite décernés par le pouvoir politique, pour rendre hommage aux « dignes et loyaux » magistrats, Catherine GIUDICELLI devrait la recevoir. Son courage, son humanité et sa ténacité nous manqueront.

Nicolas AUBERTIN, Aline BATOZ, Yann DAURELLE, Paul HUBER, Géraldine RIGOLLOT Juges d’Instruction au Tribunal de Grande Instance de PARIS

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Commentaires

1 Message

  1. Catherine GIUDICELLI, 43 ans, magistrat

    Merci pour cet hommage.

    par Barner | 20 août 2009, 12:19

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